Escluse,
2003
Installation vidéo, sonore, 2 écrans, 2 X 38 mn
Moïse, un double de
"Boudu sauvé
des eaux" de
Jean Renoir, posté sur son fauteuil de paralytique, tout
à la fois observe et
participe activement aux événements quotidiens de
l'écluse. C'est par la
présence de Moïse que j'accède aux
écluses.
Ses discours, ses gestes ne cessent
de dialoguer avec ces espaces ; il y a comme un "devenir paysage" de
sa parole. Ce n'est pas seulement la voix d'une petite histoire, mais
celle
d'un homme qui a été séparé
du courant.
J'attends parfois toute une journée
pour le voir surgir, suivre les traces de ses roues, au bord du canal.
Face à lui, les portes de l'écluse: attendre le
mouvement
mécanique de la
porte-guillotine, observer la Deüle, l'Escaut
déplacer les
péniches, les
femmes, les hommes et les matières qu'elles transportent.
Montée des eaux des
femmes-péniches, engloutir les usines mortes, filmer les
plans
coulants."Une écluse s'ouvre de soi-même à
soi-même" disait Blanchot;
Comment plonger dans le temps de l'écluse ?
Moïse,
twin-brother to the hero of Jean renoir's "Boudu sauvé des eaux",
seated in his wheelchair by the canal, observes and takes an active
part in the daily events surrounding the lock. His presence provides me
with an access to the lock.
His
words and his gestures are in constant dialogue with the place; it is
as if his speaking crafted a landscape. This is not only the voice of a
small story, but the voice of a man that was cut off from the flow.
Sometimes, I have to wait a whole day before he comes out and I can
follow the marks of his wheels along the canal. In front of him is the
lock: waiting for the mechanical motion of the sluice gate, watching
the rivers Deûle and escault carrying their barges, the women, the men,
and the materials on them. The water rises with the barge-women, dead
factories sink, filming the flowing planes. "A lock opens from myself
to myself", Blanchot once wrote. Today, I am still there with Moïse.
How can one jump into the time of the lock?
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Réalisation,
image, montage : Noëlle Pujol
Conception
sonore et musique : Géry Petit
Etalonnage :
Eric Salleron
Production
: le Fresnoy, Studio national des arts contemporains,
Tourcoing.
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